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Regard de philosophe : « Non, tout n’ira pas bien si on continue comme on le fait »

Ahmed Kouaou

Publié le 6 avril 2020

 

Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

 

« Il faut vraiment saisir cette occasion pour travailler à une régionalisation des modes d’organisation et à une modération de notre rapport à la consommation. »

 

Au-delà de l’urgence sanitaire, Alain Deneault pense que la pandémie du coronavirus, aussi douloureuse soit-elle, doit être l’occasion pour la planète d’observer une halte salvatrice et de repenser son modèle de production et de consommation.

Le philosophe est sans détour. Dans la fièvre du coronavirus qui s’empare du monde, avec son lot de morts et d’effets collatéraux, il est naturel de s’allier solidairement pour faire front commun à la pandémie, mais il faut se garder de verser dans un optimisme béat.

Il recommande de ne pas trop se gargariser[1] de slogans triomphants, du genre Tout ira bien, car, prévient-il, non, tout n’ira pas bien si on continue comme on l’a fait. C’est la leçon qu’il faut tirer, il ne faut pas se fermer les yeux en disant : tenons bon et bientôt tout continuera comme avant.

En entrevue à l’émission Désaultels le dimanche, le professeur de philosophie à l’Université de Moncton prône une espèce de catharsis en ces temps de crise. C’est un moment existentiel, c’est un moment aussi intellectuel où on peut collectivement se demander d’où on vient et où on va. Et qu’est-ce qu’on fait, comment on s’organise et comment s’explique la crise dans laquelle on est?

En d’autres termes[V.F.S1] , il faudrait faire du problème un élément déclencheur pour penser plus largement notre rapport au monde.

 

La fulgurance avec laquelle le virus, originaire d’une ville chinoise, s’est propagé dans le monde a mis à nu les failles de notre système économique mondialisé, soutient-il.[V.F.S2] 

On a complètement intégré, par la délocalisation des entreprises, toutes les parties du monde à un même réseau de production. Ce qui suppose énormément de rapports de dépendance et d’interdépendance.

 

« Aujourd’hui, l’organisation du travail, la production capitaliste est tellement réseautée à l’échelle mondiale que lorsqu’un Chinois éternue, la planète devient malade. »

— Une citation de Alain Deneault, philosophe et auteur

 

Le chaos mondial auquel on assiste a également révélé que les tenants du capitalisme peuvent s’avérer des géants aux pieds d’argile. On est dans un moment où on se rend compte que la mondialisation financière est très fragile. Elle n’est pas assise sur du roc, comme on a pu le penser.

Il est bon que la planète fasse une halte, clame l’auteur de La médiocratie. On se rend compte qu’on est malheureux au travail très souvent. En témoignent le recours aux psychotropes[2], l’alcoolisme et grand nombre de phénomènes sociaux qu’on observe.

Le modèle économique capitaliste a été pensé pour pouvoir faire travailler des gens dans des conditions de misère, pour contourner les règles sociales que nous sommes données dans la modernité, en Occident, déplore le philosophe.[V.F.S3] 

La logique productiviste et l’obsession de la croissance exercent par ailleurs une pression insoutenable sur les ressources naturelles.

On voit que la planète ne peut continuer à soutenir ce qu’on exige d’elle au titre du capitalisme. Ce régime dans lequel on est, de toute façon, ne pourra pas durer. Il n’y aura pas éternellement des écosystèmes capables de subir les assauts de la grande industrie, il n’y aura pas continuellement des richesses naturelles, dans le domaine énergétique ou minier, capables de satisfaire une demande absolument goulue, absolument folle.

Les incendies de forêt, la déforestation galopante, la fonte des glaciers, l’érosion des sols, les ouragans, les tsunamis sont, de l’avis du philosophe, autant de signaux de détresse auxquels il convient d’être attentif.[V.F.S4] 

 

« On a énormément de signes qui montrent que, non, tout n’ira pas bien si on continue comme on le fait. Il faut vraiment saisir cette occasion pour travailler à une régionalisation des modes d’organisation et à une modération de notre rapport à la consommation. »

— Une citation de Alain Deneault

 

Le tourisme de masse n’est pas en reste. Il est en cause en ce sens qu’il représente un gaspillage éhonté et polluant de richesses non renouvelables.

En somme[V.F.S5] , ce mode de vie là n’est pas viable à long terme, il faudra l’abroger[3][V.F.S6] .

 

Un changement de paradigme[4].

Il y a lieu de redéfinir l’économie de manière à ce qu’elle ne soit plus au service d'une oligarchie [5]d’actionnaires, affirme-t-il. Car, de nos jours, il est à peu près impossible de penser une action sociale sans se définir par rapport à un marché qui est largement organisé pour satisfaire les détenteurs de capitaux et cette classe de grands actionnaires.[V.F.S7] 

L’urgence nécessite un changement de paradigme. Il faudra changer de régime au 21e siècle. C’est ça que nous disent les événements, pas seulement cette pandémie, mais les incendies de forêt, les crises de verglas, les invasions d’insectes, les tsunamis.

Il est temps de rompre avec un système qui est faux, qui n’est pas viable, et lui substituer d’autres modes d’organisation. Tout cela devrait se faire dans la concertation, sinon on sera dans une sorte de lutte ouverte comme on commence à le voir se manifester sur un mode violent et brutal ici ou là. La réaction de Donald Trump par rapport à cet achat de masques par les Canadiens montre bien dans quelle relation tendue on s’oriente.[V.F.S8] 

 

« Il faudra rapidement développer des formes d’organisation qui sont frugales, humbles, mesurées et régionales et s’en tenir à une production, à une consommation beaucoup plus réduite, mais peut-être beaucoup plus significative et sensée que par le passé si on veut éviter une guerre ouverte, un cataclysme. »

— Une citation de Alain Deneault

 

Cette pandémie, on le voit bien, souligne-t-il, se moque des frontières, des différences sociales et ethniques. Tout le monde est concerné et devrait saisir la chance de passer à un autre régime, plus humble[6], plus frugal[7], plus mesuré, à des échelles qui ont plus de sens : ne pas faire fabriquer en Chine des objets de première commodité qu’on pourrait très bien produire nous-mêmes par exemple.

De plus[V.F.S9] , ce rapport-là au monde est l’occasion de développer des compétences, des talents, de se révéler à soi-même, de prendre conscience d’atouts et de forces qu’on a et qui sont aujourd’hui étouffés dans un rapport au marché qui est totalement aliénant, qui est infantilisant, et qui consiste toujours à produire à un rythme fou des produits dont, souvent, on n’a pas vraiment besoin, qui sont polluants, auprès d’un public qui n’en veut pas vraiment et qu’il faut convaincre, et séduire par l’appât du marketing, d’acheter, dans une sorte de grand délire auquel il faudra mettre fin.[V.F.S10] 

 

[1] Gargariser : Se rincer la bouche et la gorge avec un liquide médicamenteux qu’on garde un moment avant de cracher.

[2] Psychotrope : Se dit d’une substance qui agit chimiquement sur l’activité mentale.

[3] Abroger : Supprimer (un acte législatif ou administratif).

[4] Paradigme : Conception théorique dominante qui a cours à une certaine époque dans une communauté scientifique.

[5] Oligarchie : Régime politique où le pouvoir est détenu par un petit nombre d’individus ou de familles.

[6] Humble : Qui fait preuve d’une grande courtoisie en donnant à quelqu’un l’impression d’être important.

[7] Frugal : Se dit d’une nourriture simple et peu abondante.

 [V.F.S1]MARQEUR DE RELATION

 [V.F.S2]Origine de la COVID-19 et la propagation dans le monde

 [V.F.S3]Le modèle économique capitaliste et la modernité dans les pays Occidentaux

 [V.F.S4]Impact sur l’environnement de la planète

 [V.F.S5]MARQEUR DE RELATION

 [V.F.S6]Le gaspillage et les gens qui pollue les richesses non renouvelables  

 [V.F.S7]L’économie du marché

 [V.F.S8]Changer le régime du 21e siècle et la réaction de l’ancien président des États-Unis

 [V.F.S9]MARQEUR DE RELATION

 [V.F.S10]Développement des produits

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1691492/crise-covid-capitalisme-economie-delocalisation-environnement

Le Canada devrait-il être moins dépendant de la Chine?

Laurence Martin

Publié le 24 mars 2021

 

Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

 

Avec l'escalade de tensions entre Ottawa et Pékin, et le gouvernement de Xi Jinping qui peut sévir à n'importe quel moment, des observateurs croient qu'il est temps pour le Canada d’être moins dépendant économiquement de la Chine.

C’est le cas d’une entreprise québécoise de fabrication de masques qui a décidé de rapatrier une bonne partie de sa production à Montréal. Chaque jour, l’usine de Medicom fabrique un million de masques. Pourtant, l’année dernière, l’usine n’existait pas encore. L’entreprise québécoise fabriquait plutôt ce type de matériel de protection à l’étranger, surtout en Chine.

Mais en mars 2020, l’entreprise a fait face à des défis d’approvisionnement alors que la pandémie n’en était qu'à ses débuts. La Chine avait réquisitionné nos usines, nos productions pour la population locale. On s’est retrouvé dans notre usine à ne plus pouvoir exporter de masques, explique Guillaume Laverdure, chef de l'exploitation de Medicom.

Medicom a donc décidé d’explorer une avenue qu’elle avait écartée dans le passé : fabriquer localement.

Une certaine sécurité

L’entreprise montréalaise a alors obtenu un prêt de 4 millions de dollars d’Investissement Québec ainsi que des contrats d’achats des gouvernements fédéral et provincial pour 10 ans.

Guillaume Laverdure explique toutefois qu’avec la main-d’œuvre qui est moins bon marché ici qu’en Chine, il lui coûte plus cher de fabriquer localement.

La décision de rapatrier une bonne partie de la production comporte toutefois des avantages. Si une nouvelle pandémie frappe, par exemple, ou si la Chine décide de bloquer ses exportations pour des raisons politiques, le Canada sera moins vulnérable.

C’est une très bonne chose de ne plus être dépendant par rapport à la Chine. Ça nous donne une certaine sécurité, une visibilité pour le futur.

Guillaume Laverdure, chef de l’exploitation de Medicom

Mais au-delà de la pandémie, avec la montée des tensions entre Pékin et Ottawa, le Canada doit-il chercher à être moins dépendant du géant chinois?

Selon le gouvernement fédéral, la Chine est incontournable d'un point de vue économique, et même si Ottawa critique les politiques de Xi Jinping (comme dans le cas des Ouïgours), cela n’empêche pas le maintien de bonnes relations commerciales.

Dans certains cas, c'est à notre avantage de travailler ensemble, explique Marc Garneau, le ministre des Affaires étrangères, ajoutant que ça ne veut pas dire qu’on ne dit pas les vraies affaires quand c’est le temps de le dire.

Le politologue et spécialiste de la Chine Loïc Tassé estime toutefois que cette position est de plus en plus intenable.

On ne peut pas faire "business as usual" parce que les Chinois lient les questions politiques et les questions commerciales, ce que d’autres pays ne font pas normalement. [...] Les Chinois, pour faire des pressions politiques, se servent de l’arme économique.

Loïc Tassé, politologue et spécialiste de la Chine

Selon lui, il est plus que temps que le Canada diversifie ses marchés. L’ex-ambassadeur du Canada à Pékin Guy Saint-Jacques partage le même avis. Moi, je dis que, sachant que la Chine ne voudra pas nous faire de cadeau et que la relation va rester difficile, pourquoi ne pas mieux profiter des accords de libre-échange qu’on a signés avec d’autres pays de la région d’Asie pacifique?

Selon lui, le Canada devrait redéployer certains de ses représentants commerciaux.

Medicom n'exclut pas la possibilité de s'implanter dans d’autres pays d’Asie. L’entreprise a d’ailleurs ouvert récemment une usine à Singapour, même si, pour le moment, elle concentre ses efforts sur sa production locale.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1779812/canada-chine-relation-economique?depuisRecherche=true

Hydro-Québec lorgne un contrat à New York

La Presse Canadienne

Publié le 9 septembre 2017

 

Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Après le Massachusetts en juillet, Hydro-Québec se tourne vers l'État de New York dans l'espoir de sécuriser ses exportations en décrochant un contrat d'approvisionnement à long terme.

La société d'État a répondu vendredi à l'appel de propositions de la New York Power Authority (NYPA), qui prévoit l'achat d'au moins 1 térawattheure (TWh), en déposant deux scénarios qui ratissent large.

Dans un premier temps, Hydro-Québec propose d'ajouter 80 mégawatts de capacité à son interconnexion de Cedar Rapids, située en Montérégie, ce qui lui permettrait de fournir au total 0,7 TWh.

 

« On ne parle pas d'une nouvelle infrastructure ou de nouveaux permis. C'est une ligne de transmission qui existe déjà. C'est relativement simple à réaliser sur le plan technique. »

— Une citation de  Gary Sutherland, porte-parole d'Hydro-Québec

 

Cette option nécessiterait des investissements de 9 millions de dollars, a indiqué Hydro-Québec. Il serait possible d'acheminer de l'hydroélectricité vers New York à compter de mars 2021. 

Mais puisque la NYPA a lancé un appel de propositions plutôt qu'un appel d'offres, il se pourrait que les autorités new-yorkaises en viennent à la conclusion qu'une quantité beaucoup plus importante d'électricité est nécessaire.

Par rapport à son niveau de 1990, l'État s'est notamment fixé l'objectif de réduire de 40 % ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030.

Ainsi, Hydro-Québec propose une nouvelle infrastructure de transport entre le Québec et New York, ce qui permettrait à la société d'État d'exporter entre 5,8 et 8,3 TWh d'hydroélectricité. Ce scénario prévoit également que l'on pourrait bonifier la capacité d'infrastructures existantes.

Si les autorités new-yorkaises optent pour une nouvelle ligne de transport, il est permis de croire que le Champlain Hudson Power Express, qui dispose déjà de l'ensemble des permis nécessaires à sa réalisation, serait bien positionné pour être considéré.

Estimé à environ 2,2 milliards de dollars américains, ce projet, dont la mise en service est prévue en 2021, relierait le Québec à Yonkers, à proximité de la ville de New York.

Même si la société d'État ne s'avance pas sur les revenus qui pourraient être générés par l'obtention d'un éventuel contrat, l'appel de propositions de la NYPA et celui du Massachusetts sont au coeur de sa stratégie visant à doubler son chiffre d'affaires d'ici 2030.

Hydro-Québec devrait savoir vers la fin octobre dans quelle direction iront les autorités new-yorkaises. Elle estime toutefois être en mesure de se démarquer étant donné qu'elle peut assurer un approvisionnement continu ainsi que de l'énergie propre. « Il est très possible que plusieurs projets soient retenus », souligne M. Sutherland.

Une forte hausse des exportations d'électricité a stimulé les profits d'Hydro-Québec, qui, cette année, a pu compter sur l'une de ses principales interconnexions vers la Nouvelle-Angleterre.

La société d'État a dévoilé vendredi un bénéfice net de 359 millions de dollars, en hausse de 17 % par rapport à 306 millions de dollars à la même période l'an dernier.

Cette performance s'explique en grande partie par les exportations nettes d'électricité à l'extérieur du Québec qui ont bondi de 40 %, ou 101 millions de dollars, pour s'établir à 347 millions de dollars.

 

« Nous avons pu compter sur l'ouverture du marché vers le Massachusetts pendant le deuxième trimestre. »

— Une citation de  Lise Croteau, chef de la direction financière d'Hydro-Québec

 

L'an dernier, en raison de travaux majeurs, la société d'État n'avait pu compter sur sa ligne reliant les postes Radisson, dans le nord du Québec, et Sandy Pond, à Ayer, dans l'État du Massachusetts. Cela avait alors grandement contribué à un recul de 58 millions de dollars de ses revenus d'exportation.

Pour la période de trois mois terminée le 30 juin, le chiffre d'affaires d'Hydro-Québec s'est établi à 2,9 milliards de dollars, en progression de 3,2 % par rapport au deuxième trimestre de l'exercice précédent.

Grâce à ses instruments de couverture, Hydro-Québec a obtenu un prix moyen de 4,7 cents du kilowattheure sur les marchés, alors que le prix moyen était d'environ 3,8 cents le kilowattheure, a précisé Mme Croteau.

Au total, les volumes d'exportations nettes à l'extérieur de la province ont été de 7,4 TWh, en progression d'environ 1 TWh sur un an.

La demande hors Québec semble au rendez-vous depuis le début de l'année, étant donné qu'Hydro-Québec a exporté un volume record de 17, 5 TWh. Les revenus tirés des ventes d'électricité à l'extérieur se sont chiffrés à 840 millions de dollars, en hausse de 3,3 %.

Au cours du deuxième trimestre, les ventes d'électricité ont fléchi de 47 millions de dollars par rapport à la même période en 2016 étant donné que les températures se sont avérées moins froides en avril.

À mi-chemin dans son année financière, les profits de la société d'État sont demeurés stables, à 1,9 milliard de dollars, alors que ses revenus sont passés de 7,12 milliards de dollars à 7,16 milliards de dollars.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1054992/hydro-quebec-resultats-exportations-contrat-approvisionnement-new-york?depuisRecherche=true

Évacuations des étrangers dans un Soudan livré au chaos

Radio-Canada

Publié le 24 avril 2023

 

Rien ne va plus au Soudan. Les évacuations d'étrangers se sont poursuivies lundi, au neuvième jour de combats meurtriers pour le pouvoir entre armée et paramilitaires, alors que rien ne laisse croire à une sortie de crise dans l’immédiat.

Plusieurs pays, dont le Canada, conseillent à leurs ressortissants d'éviter tout voyage au Soudan. On conseille aux ressortissants canadiens toujours sur place de rester à l'abri dans un endroit sécuritaire jusqu’à ce que la situation se stabilise.

Alors que le chaos s’installe avec en arrière-plan des explosions et des tirs dans la capitale et dans d’autres villes, l'ambassade canadienne à Khartoum a temporairement suspendu ses activités. Des diplomates canadiens ont été évacués dimanche par des militaires américains de l’équipe d'élite Navy SEALs, rapporte le New York Times.

Trois hélicoptères ont atterri dans une zone ouverte une demi-heure après minuit [...] Alors qu'un cordon de sécurité protégeait l'appareil, près de 90 personnes sont montées à bord : 72 membres du personnel de l'ambassade américaine, ainsi que six diplomates canadiens et quelques représentants d'ambassades occidentales et des Nations unies, précise le journal.

Quelques heures plus tard, raconte le quotidien américain, un convoi des Nations unies a commencé à sortir de la ville en serpentant vers Port-Soudan, sur la mer Rouge, tandis que les diplomates britanniques et français étaient escortés jusqu'à un aérodrome situé à l'extérieur de la ville, où des avions-cargos militaires les attendaient.

D'autres groupes se sont dirigés vers Qadarif, une petite ville proche de la frontière avec l'Éthiopie, et un bateau affrété par l'Arabie saoudite a transporté ses diplomates en fuite de l'autre côté de la mer Rouge.

Par ailleurs, plus de 1000 ressortissants de l'Union européenne ont été évacués, a indiqué le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, évoquant une opération complexe.

Un Libanais, parvenu à Port-Soudan en bus et prêt à embarquer sur un bateau, a confié à l'AFP être parti avec un tee-shirt et un pyjama. C'est tout ce qui me reste après 17 ans au Soudan, a-t-il ajouté.

Les violences, principalement dans la capitale et au Darfour, dans l'ouest du pays, ont fait selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) plus de 420 morts et 3700 blessés.

La plupart des étrangers évacués sont des membres du personnel diplomatique. De nombreux ressortissants attendent, eux, toujours une place dans les longs convois de voitures blanches ou les bus siglés qui partent en continu vers Port-Soudan ou vers des bases aériennes hors de Khartoum.

 

Colère

Certains Soudanais, en colère et abandonnés, s’en sont pris dimanche aux négociateurs occidentaux qu'ils tiennent pour responsables de l'échec des pourparlers politiques censés conduire à un régime civil.

Pour beaucoup de Soudanais, les responsables étrangers sont allés trop loin en se montrant complaisants avec les généraux rivaux, les traitant presque comme des hommes d'État, alors que les deux hommes ont pris le pouvoir à la suite d'un coup d'État et ont un long passé d'abus et de tromperies.

Certains Soudanais craignent que le départ des diplomates étrangers ne permette un tournant encore plus brutal dans les affaires du pays.

« Vous nous avez mis dans ce pétrin et maintenant vous arrivez pour prendre vos proches (ceux qui comptent) et nous abandonner à ces deux psychopathes meurtriers. »

— Une citation de  Dallia Mohamed Abdelmoniem, ancien journaliste et commentateur soudanais

Des milliers de Soudanais ont déjà fui en Égypte, au Soudan du Sud et au Tchad, frontalier du Darfour. Cette région de l'ouest, la plus pauvre du pays, a été ravagée dans les années 2000 par une sanglante guerre ordonnée par le dictateur Omar el-Béchir, déchu en 2019, et mené notamment par les miliciens Djandjawids, le gros des troupes du général Daglo aujourd'hui.

Aujourd'hui, alors que personne n'y a accès, cette région est de nouveau en proie aux pillages, aux attaques et aux atrocités.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) rapporte ainsi que 10 véhicules et six camions de nourriture ont été volés, soit 4000 mètres cubes d'aliments qui n'iront pas aux 45 millions de Soudanais, dont plus d'un sur trois souffrait de la faim avant le confit actuel.

Celui-ci a dégénéré en guerre samedi. Mais il couvait en réalité depuis des semaines entre les deux généraux. Alliés pour le putsch de 2021, ils ne sont pas parvenus à s'entendre sur l'intégration des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) aux troupes régulières.

Sur le plan militaire, avec les deux camps engagés dans une guerre de l'information, il est impossible de savoir qui contrôle les institutions du pays ou les aéroports et dans quel état se trouvent les infrastructures.

 

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1973822/soudan-evacuations-etrangers-poursuite-combats-chaos

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